Pierre et Jean

Comme cela arrive souvent dans les familles, une sorte de rivalité latente oppose les deux fils Roland. Pierre est aussi noir, emporté, que jean - son cadet de cinq ans - est blond et calme. Celui-ci vient de finir ses études de droit en même temps que son frère achève enfin sa médecine, commencée après plusieurs essais avortés dans d'autres branches. Donc Pierre sera médecin et jean avocat. En attendant de s'installer, ils s'amusent à courtiser une amie de la maison, Mme Rosémilly, moins pour conquérir cette jeune et jolie veuve que par désir de se supplanter - et Pierre s'irrite de voir que « la veuve », comme il l'appelle, lui préfère jean. Une jalousie instinctive le prend à la gorge quand son frère reçoit l'héritage fort important d'un ami de la famille. Jean a vraiment trop de chance, toutes les chances. Pourquoi cet ami n'a-t-il pas partagé sa fortune entre les deux frères ? De question en question, Pierre en vient à pressentir la vérité. Envie, fureur, dépit, comment nommer ce poison qui le brûle et le pousse à torturer sa mère d'un mot, d'un regard ? Le père est le témoin inconscient de la tragédie qui, pour se dérouler entre sa femme et ses fils sans emphase et sans cris, n'en est que plus poignante.