Ecrits sur la grâce

 Les quatre fragments sur la grâce, constituent l’une des clefs de l’oeuvre de Pascal. S’attachant à concilier la liberté avec l’efficacité de la grâce, il donne dans ces textes, un des plus ardentes expressions de la condition humaine.La tragédie de chaque vie est un jeu mystérieux, un jeu de mystères. L’homme tragique reconnaît que la voix de Dieu ne parle plus d’une manière immédiate à l’homme. Le Dieu de la vision tragique est ainsi un Dieu caché, à la fois présent et absent.Comment cette vision tragique, que Pascal pousse au paroxysme, fait-elle intervenir la grâce ? Depuis le péché d’Adam, l’homme porte en lui une inquiétude et une maladie secrète au fond de l’âme, là où réside la grâce de Dieu. La grâce c’est l’amour de Dieu offert aux hommes, c’est la présence de Dieu dans leur vie et leur destinée, c’est le salut lui-même. La liberté, dès lors, s’identifie à la nature profonde de l’homme à laquelle Jansenius, suivi par Pascal, donnait le nom de volonté. La volonté se réalise dans l’amour, et pour que l’homme soit capable de bien, la grâce doit intervenir pour faire prévaloir l’amour de Dieu à la place de l’amour de soi. Pour Pascal seront sauvés les hommes que Dieu dans son amour et sa souveraineté absolue prédestine au salut. C’est la " grâce efficace ", paradoxale, car du point de vue strictement humain l’homme ignore tout de l’existence du Dieu sur l’existence duquel il parie : il ne peut qu’espérer être sauvé, mais il ne doit pas douter d’être sauvé.Le XVIIe siècle français est bien "le siècle de Saint Augustin". Port-Royal, foyer de l'augustinisme français le plus intransigeant, constitue donc un point de perspective privilégié pour apprécier les enjeux non seulement théologiques et philosophiques mais aussi littéraires du Grand Siècle.On y a joint le méconnu Discours sur les passions de l’amour, découvert en 1843 par Victor Cousin et attribué par lui à Pascal.