Comment le roman d’Alejo Carpentier, Le Siècle des Lumières, interroge-t-il les lumières, aujourd’hui ? Sans doute pouvons-nous apercevoir les enjeux de ce roman publié en 1958, parce que nous avons renoncé à un certain nombre de croyances sur la Révolution et l’Histoire et sommes à même de rencontrer une écriture dense, qu’il ne faut pas trop vite ranger du côté de la littérature baroque sud-américaine, exotique, chaleureuse, fascinante, une littérature qui saurait encore nous enchanter par ses contes, mais dont nous ne percevrions pas l’actualité, l’acuité, la complexité, pour employer un terme qui selon nous lui convient mieux, et lui redonne son sens.
Carpentier, comme beaucoup d’écrivains de la zone sud-américaine, comme Lezama Lima, Borges, Marquez, est baroque, certes, mais qu’entendons-nous par là ? N’est-ce pas une manière de les reléguer dans un exotisme, une beauté étrangère, un autre monde, plus vivant, sensuel et tourbillonnant, qui nous réchaufferait, comme les plages du Nouveau Monde ? Ne serait-ce pas dire notre nostalgie d’une littérature romanesque à l’ampleur mythique, d’un style dont nous n’avons pas encore repéré le sens ?
N’est-ce pas pour cette raison que si peu d’études françaises existent, tant sur Le Siècle des Lumières, que sur Carpentier ? On lit Carpentier, on le savoure..
Pourtant, Le Siècle des Lumières nous parle de nous, de notre histoire.
Il est difficile de lire ce roman qui évoque le passé avec tant de force sans penser à des événements d'aujourd'hui.